Bruxelles, 11 Juin 2024. Dans un contexte mondial marqué par l'accélération de la transition énergétique, la Mauritanie se révèle comme un acteur stratégique dans le développement de l'hydrogène vert. Dans un entretien accordé à MED-GEM Network, M. Mamadou Amadou Kane, Responsable des Politiques et Stratégies au Ministère du Pétrole, des Mines et de l'Énergie, met en avant l'importance cruciale de la collaboration avec l'Union européenne (UE), considérée comme un partenaire naturel pour l'exportation de cette ressource prometteuse. Grâce à ses atouts en énergies renouvelables, notamment la complémentarité entre l'énergie solaire et éolienne, ainsi qu'à ses vastes espaces côtiers, la Mauritanie aspire à devenir un hub énergétique incontournable aux portes de l’Europe.

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La Mauritanie, pays riche en ressources naturelles et doté d’un potentiel considérable en énergies renouvelables, se prépare à jouer un rôle majeur dans le secteur de l'hydrogène vert. Pour comprendre les défis et les opportunités de cette transition, nous avons rencontré Mamadou Amadou Kane, chargé de mission au Ministère du Pétrole, des Mines et de l'Énergie, et coordonnateur du programme de transformation du secteur de l’énergie en Mauritanie dans le cadre du 3e Comité de Pilotage de MED-GEM Network qui s’est tenu au siège de de l’association « Hydrogen Europe » à Bruxelles le 11 juin 2024.

Une position stratégique et des ressources abondantes

"Nous avons un excellent potentiel éolien et solaire," déclare M. Kane. "Notre éolien et notre solaire sont très complémentaires : quand il n'y a pas de vent, il y a du soleil et vice versa. Avec un pays de 1,1 million de km² et moins de 4 millions d'habitants, dont une grande partie du nord est inhabitée, nous avons beaucoup d'espace et près de 750 km de côtes. Tout ce qu'il faut pour produire de l'hydrogène vert par électrolyse."

Cette complémentarité solaire-éolienne et l’abondance d’espaces ouverts positionnent la Mauritanie comme un acteur potentiel majeur sur le marché de l’hydrogène vert. "Nous considérons l'Union européenne comme le principal 'off-taker' de notre hydrogène," souligne M. Kane. "Nous avons ciblé l'Union européenne comme partenaire clé, et elle nous a beaucoup aidés à mettre en place un cadre réglementaire et législatif."

Une feuille de route ambitieuse et des partenariats stratégiques

Pour concrétiser cette vision, la Mauritanie a élaboré une feuille de route avec la société internationale AFRY. "Nous avons décidé il y a 2-3 ans de mettre ce potentiel en valeur," explique M. Kane. "Nous avons adopté un nouveau code de l'électricité à la fin de 2022 et nous nous préparons à adopter un nouveau code de l'hydrogène vert."

Le pays a déjà signé des accords avec plusieurs grands groupes internationaux. "Nous avons des accords avec TOTAL ENERGY, CHARIOT, BP, et une société allemande appelée CONJUNCTA, en consortium avec MASDAR et INFINITY en Égypte. CWP, une société australo-américaine alliée avec WOODSIDE, est également présente," détaille M. Kane. "Nous pensons parvenir à des accords d’ici la fin de l’année 2024, avec des incitations fiscales pour les sociétés qui démarreront leurs activités avant le 1er janvier 2030."

Les défis à surmonter

Cependant, la route vers une transition énergétique réussie n’est pas exempte de défis. "Nous faisons face à des obstacles importants en termes d'infrastructures et de ressources humaines," admet M. Kane. "Nous avons développé des coopérations spécifiques pour surmonter ces obstacles, notamment avec des pays comme le Maroc, l'Égypte, la Namibie, le Chili, et l'Australie."
 

Un engagement solide pour l’avenir

Malgré ces défis, la Mauritanie est résolue à avancer. "Nous pensons que le dispositif est bien avancé et peut permettre aux sociétés déjà en place de poursuivre les discussions," affirme M. Kane. "Nous allons officialiser notre appartenance à MED-GEM et continuer à favoriser les coopérations avec l'Union européenne et les autres pays similaires. » Avec des entreprises comme TOTAL ENERGY, BP et divers consortiums intéressés par des partenariats, les discussions avancent rapidement, avec l'objectif d'atteindre des accords globaux d'ici la fin de l'année.

Pour conclure, la volonté de la Mauritanie de développer son potentiel en matière d'hydrogène vert repose « non seulement sur la coopération avec l'Union européenne, mais les coopérations sud-sud avec tous les pays qui sont un peu similaires aux nôtres ». M. Kane souligne l'importance de cette transformation pour le développement harmonieux du pays. "Nous sommes maintenant complètement engagés dans la transition énergétique," conclut-il. "Nous avons beaucoup de choses à partager avec l'Union européenne et nous sommes impatients de voir ces projets se concrétiser. »