Le réseau MEDENER et les ambitions pour l'Hydrogène Vert en Méditerranée
Frank Wouters, directeur de MED-GEM, s’est entretenu avec Roberta Boniotti, Secrétaire Générale de l'Association Méditerranéenne des Agences Nationales pour la Gestion de l'Énergie (MEDENER), pour discuter de l'essor de l'économie de l'hydrogène vert en Méditerranéenne à l’occasion de la toute première Semaine Méditerranéenne Verte, le 16 mai 2024 à Istanbul.
Roberta Boniotti, représentante de MEDENER et l’ENEA, l'Agence Nationale Italienne pour les Nouvelles Technologies, l'Énergie et le Développement Économique Durable, a mis en lumière les efforts concertés de 13 nations méditerranéennes pour promouvoir l'économie de l'hydrogène. Avec un focus sur les rives nord et sud, à l'exception de l'Égypte qui collabore via le Centre Régional pour les Énergies Renouvelables et l'Efficacité Énergétique (RCREEE), la coalition vise à favoriser l'expertise et le partage d'expériences. Des pays comme le Maroc, l'Algérie, la Tunisie, la Jordanie, la Palestine et le Liban sont essentiels à cette collaboration transfrontalière, visant à exploiter le potentiel de l'hydrogène pour un avenir durable.
"Hydrogen Valleys ": Poser les Fondations
Un des thèmes centraux abordés fut le concept des « vallées de l'hydrogène » — des zones géographiques où la production, le stockage et l'utilisation de l'hydrogène sont intégrés. Mme Boniotti a souligné que ces initiatives en sont à leurs débuts, nécessitant des investissements significatifs et des solutions technologiques robustes. La Hydrogen Demo Valley en Italie, financée par le Plan de Relance et de Résilience de l'UE, sert de modèle. Ce modèle combine des fonds publics avec des investissements nationaux stratégiques, soulignant l'importance de succès démontrables pour convaincre les parties prenantes financières de la viabilité de l'hydrogène.
Financer la Révolution Verte : Un Effort Collectif
Un défi récurrent de la conversation fut le financement de l'économie de l'hydrogène. Mme Boniotti a reconnu que bien que les investissements initiaux soient substantiels, le modèle économique doit encore faire ses preuves. Actuellement, les fonds publics dominent le paysage financier, avec des contributions de l'Union Européenne et des Institutions Financières Internationales (IFI). La création d'une Banque de l'Hydrogène est un pas vers la mutualisation des ressources, mais l'engagement du secteur privé reste crucial. Démontrer la faisabilité et la rentabilité des projets d'hydrogène est essentiel pour attirer des sources de financement diversifiées.
Innovations sectorielles : Des ports aux aéroports
Mme Boniotti a partagé des perspectives sur les applications spécifiques de l'hydrogène, notamment dans le secteur des transports. La collaboration s'étend à la création de camions, de navires et même de bateaux à voile alimentés à l'hydrogène, avec des projets notables au port de Valence et dans les aéroports européens. Ces projets à haut niveau de maturité technologique (TRL) sont cruciaux pour relever les défis techniques et prouver l'efficacité de l'hydrogène dans les secteurs difficiles à décarboner. De telles innovations sont essentielles pour stimuler l'acceptation du marché et le soutien réglementaire.
Accélérer la transition : Défis et progrès
La discussion s'est conclue par une réflexion sur le rythme des progrès. Bien que les avancées aient été significatives, Mme Boniotti a concédé que la transition est intrinsèquement lente en raison des investissements existants dans les sources d'énergie conventionnelles. Néanmoins, ces dernières années ont vu une accélération des projets d'hydrogène, signalant une tendance positive. Des efforts continus en matière de démonstration, de développement technologique et d'engagement des parties prenantes sont vitaux pour maintenir cette dynamique.
Alors que l'hydrogène émerge comme une pierre angulaire de cette transition, les efforts collectifs des nations méditerranéennes sont essentiels pour naviguer à travers les défis financiers et technologiques à venir.