Façonner l'avenir de l'hydrogène vert au Maroc : L'approche collaborative de la GIZ en matière d'innovation et de durabilité - Entretien avec Matthias Rilling, chef d'équipe du Cluster H2 et Power-to-X Hub, GIZ Maroc
Dans cette interview avec MED-GEM Network, Matthias Rilling, leader pour l'Afrique et le Moyen-Orient au sein de l’International Power-to-X Hub de la GIZ, partage sa perspective sur les initiatives clés visant à promouvoir le secteur de l'hydrogène vert au Maroc. De la réglementation à la formation, en passant par le soutien aux projets industriels, découvrons ensemble comment la GIZ et le PtX Hub contribuent à façonner un avenir énergétique durable en étroite collaboration avec les partenaires marocains. En conclusion de cet entretient, nous abordons avec Matthias les futurs projets collaboratifs entre Power-to-X Hub, le réseau MED-GEM et divers acteurs du secteur de l'hydrogène au Maroc et en Europe. Des initiatives telles que des hackathons sont envisagées prochainement pour stimuler l'innovation et encourager la collaboration entre étudiants et professionnels. Restez à l'écoute !
Pouvez-vous présenter votre travail au sein de la Giz au Maroc à notre réseau ?
Bonjour, je suis Matthias Rilling; je travaille à la GIZ au Maroc depuis le début de l'année 2023, et j'exerce les fonctions de coordinateur Hydrogène et Power-to-X Hub. Comme la GIZ est souvent organisée en projets, qui ont des objectifs et des points forts particuliers, il y a un effort de coordination à faire entre nous pour avoir une activité cohérente vis-à-vis de nos partenaires marocains et extérieurs, et c'est mon rôle. Nous avons trois projets principaux qui couvrent en fait le programme et les points qui ont été retenus par les négociations bilatérales entre le Royaume du Maroc et la République fédérale d'Allemagne.
Quels sont les axes de travail principaux de PtX Hub au Maroc ?
D'une part, il y a une activité de soutien à la réglementation puisque l'hydrogène est un secteur nouveau en Europe comme au Maroc. Il y a un peu de législation et de réglementation dans ce domaine. Nous avons bien sûr une dimension qui nous est assez chère à la GIZ, c'est appuyer le Maroc pour que la dimension de la durabilité soit prise en compte dans le développement marocain, pour éventuellement faciliter par ce biais l'acceptation sociale et également l'instauration de standards communs entre l'Europe et ses pays partenaires. Nous avons toute une dimension qui traite des infrastructures puisque c'est un nouveau commerce potentiel entre le Maroc et d'autres pays, il y a toute une dimension infrastructure qui doit être pensée et adaptée à l'approche hydrogène, comme à ses dérivés potentiels.
Comment la GIZ soutient-elle le secteur de l'hydrogène au Maroc ?
Nous avons également, bien sûr, toute une dimension qui est traitée par différents projets comme le Power-to-X Hub, comme la coopération bilatérale de BMZ, comme le projet Hydrogen Ramp-Up Programme (H2Uppp), qui visent à faciliter l'appui au secteur privé, avec bien sûr des programmes de financement de pré-études et également la prise en compte d'une dimension essentielle, qui est l'off-taker matching entre investisseurs et producteurs marocains et off-takers européens, puisque c'est au fond l'une des principales craintes et non des principales soucis pour assurer le financement des projets et un investissement réel. Trouver un débouché qui soit sûr pendant les dix / quinze prochaines années pour faciliter la mise en place du secteur à un échelon industriel.
Concernant la formation, quelles sont les initiatives mises en place ?
Qui dit mise en place du secteur industriel, dit également, nécessite également la mise en place d'une formation adéquate, puisqu'au fond, c'est un secteur nouveau, comme je l'ai déjà dit. Et donc ça, ça va nécessiter pour part des compétences nouvelles qui ne sont pas forcément actuellement disponibles sur le marché du travail marocain. Donc bien sûr, on a une activité dans ce domaine, que ce soit pour faciliter la mise en place par les universités marocaines de programmes de type Master ou post-doctorat ou post-doc pour faciliter la mise en place de personnels à haute qualification dans ce domaine, mais sans pour autant négliger, on va vers la formation plus technique qui sera également nécessaire pour assurer le bon fonctionnement des usines Power-to-X et de raffinages de l'hydrogène. Toutes les chaînes qui viendront se mettre en place, espérons-le, au Maroc dans les prochaines années.
Comment un étudiant / ingénieur passionné par le GH2 pourrait accéder aujourd'hui au Power-to-X Hub au Maroc ?
Concrètement, aujourd'hui, un ingénieur ou un étudiant qui est passionné par la thématique du Power-to-X, peut dès aujourd'hui être appuyé de manière indirecte, par l'effort de la GIZ. Par les aides, par les "training" que nous dispensons. Nous avons pu former plusieurs "trainers" (formateurs) au Maroc qui ont dispensé des "Power-To-X Trainings" et cet étudiant, par le biais de son institution à laquelle il est affilié, pourrait bénéficier d'un de ces "trainings".
Au de la formation, également toujours par le biais de son affiliation à une institution, par exemple à une université, il pourrait bénéficier d'un voyage d'étude. Nous allons également mettre en place un concours sur le Power-To-X où les étudiants et les ingénieurs concernés et motivés par la thématique pourront soumettre des projets avec, bien sûr, in fine, l'idée de faire bénéficier le ou la lauréate ou les lauréats/lauréates, d'ailleurs, du concours de la possibilité de faire un voyage d'études plus poussé en Allemagne.
Intéressant ! Et pour ce qui est des industriels marocains, comment peuvent-ils bénéficier de l'appui de la GIZ ?
Alors concrètement, aujourd'hui, un industriel marocain pourrait bénéficier de l'appui de la GIZ par plusieurs canaux. Il y a tout d'abord le "Business Opportunities Analyzer" qui a été développé par la GIZ et le P-t-X Hub et qui permet d'obtenir grosso-modo une première analyse des coûts qui seraient imputés à telle ou telle chaîne industrielle ou commerciale, la production au Maroc de l'hydrogène ou de ses dérivés et débouchés en Europe pour l'ammoniac, pour le méthanol, selon la région de production au Maroc. Ça c'est plutôt pour la partie pré-projet.
Et qu’en est-il des projets déjà en cours ou en phase de démarrage ?
Maintenant, en ce qui concerne l'appui par les partenariats public-privé, cela revient à apporter un financement par l'industriel et par la partie publique assurée ici par la GIZ à hauteur égale pour financer des études de pré-faisabilité ou de faisabilité sur un projet. Et bien sûr, ce que nous faisons sur tous les projets confondus, c'est surtout également de "l'off-taker matching", pour faire en sorte que les débouchés européens s'intéressent et soient le plus informés des évolutions industrielles et règlementaires au Maroc. Pour saisir l'opportunité, la balle au bond, car toutes les études le montrent, le Maroc est le pays producteur le plus attractif pour Power-to-X. Pour nous, il s'agit d'aider le Maroc comme l'Europe à concrétiser l'essai.
Pour conclure, j'aimerais souligner que notre activité se réalise en étroite collaboration avec nos partenaires marocains. Nous nous impliquons dans toute la chaîne de valeur de l'hydrogène, depuis la mise en place de cadres réglementaires et d'infrastructures, jusqu'au soutien du secteur privé et à la formation professionnelle. De plus, nous avons initié un projet Power-to-Liquid, en partenariat avec la KfW et l'IRESEN marocain, pour renforcer la recherche et le développement ainsi que la formation préindustrielle au Maroc.
Quelles sont les interactions & synergies prochaines prévues avec le réseau MED-GEM Network ?
Le programme MED-GEM, par le soutien de la Commission européenne et de la DG NEAR, a le pouvoir de rassembler tous les acteurs clés du secteur de l'hydrogène au Maroc et en Europe pour aborder les thématiques essentielles. Par exemple, il existe un potentiel énorme pour des synergies dans le domaine de la formation entre la GIZ et le MED-GEM. Nous envisageons des initiatives comme des hackathons, qui pourraient stimuler l'innovation et la collaboration entre étudiants et professionnels.
Les synergies entre nos programmes se manifestent dans notre cible commune : les étudiants marocains. La multiplication des initiatives est bénéfique car elle maintient l'intérêt pour le secteur et attire des institutions variées. Certaines universités pourraient être plus réceptives à l'approche de la GIZ, tandis que d'autres pourraient privilégier le programme MED-GEM. Cela augmente la visibilité du secteur et nous permet, en tant qu'acteurs de la coopération, d'atteindre un plus grand nombre de partenaires de manière efficace. En partageant nos expériences, nous pouvons affiner nos programmes et potentiellement lancer des activités communes, bénéfiques tant pour les partenaires marocains que pour les institutions académiques européennes.
Ces collaborations sont essentielles pour un retour d'expérience constructif. Elles nous permettent d'affiner nos programmes et d'organiser des activités communes. Nous pouvons ainsi mieux servir les partenaires marocains et les institutions académiques européennes, qui sont les bénéficiaires ultimes de notre coopération. En somme, elles favorisent une meilleure compréhension et une approche plus efficace pour répondre aux besoins de la filière hydrogène dans la région.