RCREEE et l’hydrogène vert: Accélérer la transition énergétique dans le monde arabe
À une époque où le changement climatique exige une action mondiale urgente, le monde arabe se trouve à un carrefour crucial dans son parcours de transition énergétique. En interview avec Dr Mustapha El Taoumi lors de la premiere semaine Verte Mediterrannée de l’Union pour la Méditerranéenne, Dr. Jauad El Kharraz, directeur exécutif du Centre régional pour les énergies renouvelables et l'efficacité énergétique (RCREEE), souligne les avancées significatives et les défis auxquels sont confrontés les États arabes dans leur quête d’efficacité énergétique vers des énergies vertes.
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Des objectifs ambitieux pour les énergies renouvelables
Les pays arabes ont fixé des objectifs ambitieux en matière d'énergies renouvelables, motivés par la nécessité urgente de lutter contre le changement climatique et de réduire la dépendance aux combustibles fossiles. Le Dr El Kharraz souligne que la région vise à tripler sa capacité en énergies renouvelables d'ici 2030, en accord avec les récentes déclarations des conférences internationales. Actuellement, la région dispose d'une capacité d'environ 27 GW en énergies renouvelables, avec des pays comme l'Arabie Saoudite, le Maroc et l'Égypte en tête de file avec des objectifs de 50 %, 52 % et 42 % d'énergies renouvelables d'ici 2030, respectivement.
Atteindre ces objectifs nécessite des investissements substantiels et des réformes réglementaires exhaustives. La région doit attirer des investissements du secteur privé et introduire des politiques facilitant l'intégration de nouvelles technologies, telles que l'hydrogène vert. Des projets notables sont déjà en cours ou prévus dans des pays comme le Maroc, l'Algérie, l'Égypte, la Jordanie, l'Arabie Saoudite et les Émirats Arabes Unis, témoignant d'un engagement régional collectif en faveur des énergies renouvelables.
Le défi de l'efficacité énergétique
Si les progrès en matière d'énergies renouvelables sont encourageants, la performance en efficacité énergétique de la région arabe est à la traîne. Le Dr El Kharraz note que le taux d'efficacité énergétique dans les pays arabes est presque moitié moins élevé que la moyenne mondiale, soulignant la nécessité d'intensifier les efforts. Le projet “meetMed”, financé par l'UE et impliquant huit pays arabes, vise à améliorer l'efficacité énergétique dans les secteurs du bâtiment et des appareils électriques. Étant donné que les bâtiments contribuent de manière significative aux émissions liées à l'énergie, améliorer l'efficacité dans ce secteur est crucial.
Pour combler le fossé de l'efficacité énergétique, les pays arabes doivent mettre en œuvre des politiques nationales robustes, investir dans des technologies éco énergétiques et engager des institutions financières pour explorer les opportunités de financement. Il est encourageant de constater qu'il existe des initiatives en cours dans les secteurs des transports et de l'industrie, qui offrent un potentiel significatif d'économies d'énergie.
Le rôle des marchés du carbone
Un aspect critique de la transition énergétique est la mise en place de marchés du carbone, que le Dr El Kharraz identifie comme essentiels pour aligner la région arabe sur les politiques climatiques mondiales. Bien qu'un prix mondial unifié du carbone reste insaisissable, les efforts régionaux, tels que l'accord avec le Global Carbon Council au Qatar, représentent des avancées significatives. Se préparer au Mécanisme d'Ajustement Carbone aux Frontières (MACF - CBAM) de l'UE d'ici 2026 est impératif pour maintenir la compétitivité sur le marché européen.
Une approche unifiée de la tarification du carbone dans la région arabe, à l'instar du marché unique de l'électricité arabe, renforcerait les exportations et la croissance économique. La création d'une entité régionale chargée de superviser la tarification du carbone et les mécanismes associés pourrait fournir le cadre nécessaire pour atteindre la neutralité carbone d'ici 2050, objectif fixé par de nombreux pays arabes.
La transition énergétique du monde arabe est un objectif complexe mais atteignable. Avec des objectifs ambitieux, des investissements significatifs et des réformes réglementaires exhaustives, la région peut se positionner en tant que leader dans le domaine des énergies renouvelables et propres. Comme le souligne avec optimisme le Dr El Kharraz, des pays comme le Maroc, l'Algérie, l'Égypte, la Jordanie, l'Arabie Saoudite et les Émirats Arabes Unis sont à l'avant-garde de cette transition. Le chemin à suivre nécessite un effort collectif, de l'innovation et un engagement envers le développement durable, garantissant un avenir plus vert et plus résilient pour le monde arabe.