Cluster EnR - Maroc : Accélérer la transition verte par l'innovation et la collaboration – Interview avec Fatima Zahra El Khalifa
Dans un contexte global où la transition énergétique est devenue impérative, le Maroc s'affirme comme un leader régional dans le domaine des énergies renouvelables. Mme Fatima Zahra El Khalifa, Directrice Générale du Cluster EnR, mène cette mission avec détermination. Lors du comité de pilotage du réseau MED-GEM Network, tenu le 11 juin dernier au siège d’Hydrogen Europe à Bruxelles, elle a partagé sa vision stratégique pour accélérer cette transition, tout en insistant sur l'importance des infrastructures et des partenariats régionaux.
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Un leadership marocain face à la transition énergétique
Le Maroc se distingue par son engagement ferme en faveur de la transition énergétique. Le Cluster EnR, une organisation à but non lucratif, joue un rôle crucial dans cette dynamique. Avec plus de 300 membres issus des secteurs privé, public, financier, académique et de la R&D, le Cluster EnR s’impose comme un accélérateur de la transition énergétique. “Notre objectif principal est de contribuer à l’accélération de la transition verte au Maroc à travers le renforcement des capacités, le réseautage et l’optimisation du contenu local des projets verts,” a déclaré Fatima Zahra El Khalifa lors de son intervention au comité de pilotage du réseau MED-GEM.
Le Cluster EnR propose en effet des services à forte valeur ajoutée pour répondre aux besoins des différents acteurs de l’écosystème. En facilitant la collaboration entre les entreprises, les institutions et les chercheurs, il contribue à la création d’une filière industrielle compétitive dans le secteur des énergies renouvelables. “Nous avons mis en place un écosystème dynamique qui favorise l’innovation et le transfert de technologies, créant ainsi une filière industrielle robuste et adaptée aux défis de la transition énergétique,” a ajouté Mme El Khalifa.
Des objectifs ambitieux pour un futur durable
Les ambitions du Maroc en matière d'énergies renouvelables sont claires et significatives. D'ici 2030, le pays vise à produire 52% de son énergie à partir de sources renouvelables. "En parallèle, nous nous sommes engagés à réduire nos émissions de carbone de 45% d'ici 2025," a-t-elle précisé. Ces efforts s'inscrivent dans une dynamique plus large, où la création d'emplois verts est également une priorité. "Nous avons estimé que plus de 100 000 emplois verts pourraient être créés d'ici 2030, ce qui est crucial pour l'économie marocaine."
Renforcer les infrastructures : un défi pour l'hydrogène vert
L’un des principaux défis évoqués par Mme Fatima Zahra El Khalifa concerne les infrastructures nécessaires pour soutenir cette transition, en particulier dans le secteur de l’hydrogène vert. "L'étude que nous avons menée sur l'infrastructure montre que bien que la région arabe dispose d'une infrastructure significative, il est impératif de l'élargir et de la renforcer pour maximiser le potentiel des exportations d'hydrogène vers l'Europe," a-t-elle souligné. Initiée par l’une des trois groupes de travail de l’Industrial Advisory Board (IAB) de MED-GEM, co-dirigé par Mme Tiziana de Harlez, programme manager du réseau, financé par l’Union européenne et implémenté par la Giz Ins, il a été révélé que la région méditerranéenne a besoin de pipelines plus robustes et d'une meilleure interconnexion pour assurer un échange optimal des molécules vertes.
La décarbonisation : une urgence pour l’industrie marocaine
L'intégration des nouvelles régulations européennes, telles que le Mécanisme d'Ajustement Carbone aux Frontières (MACF), également connu sous l'acronyme anglais CBAM (Carbon Border Adjustment Mechanism), est une autre priorité pour le Maroc. "Il est essentiel que notre industrie se prépare à la décarbonisation pour rester compétitive sur le marché européen," a affirmé Mme El Khalifa. Les discussions au sein du réseau MED-GEM ont permis de mettre en lumière l'importance de ces régulations et les échéances imminentes, avec l'application du CBAM prévue pour 2026. "Cette échéance est déjà pour demain, et il est vital que nous soyons prêts," a-t-elle ajouté, rappelant l'urgence d'élaborer un plan d'action national pour accompagner cette transition.
Vers une coopération méditerranéenne renforcée
Mme Fatima Zahra El Khalifa a également souligné l’importance de la coopération régionale pour réussir cette transition énergétique. "Ce que j'attends de notre prochaine réunion, c'est de voir des actions concrètes mises en place par chaque pays, pour que nous puissions réellement avancer ensemble vers nos objectifs 2030," a-t-elle déclaré. Elle a insisté sur le fait que la prochaine étape ne sera pas seulement une présentation des résultats d'études, mais bien un suivi des actions concrètes mises en œuvre par chaque pays, afin de renforcer la synergie régionale.
Une stratégie marocaine en trois étapes pour 2030
Dans son interview, Mme El Khalifa a détaillé une stratégie marocaine en trois étapes pour atteindre les objectifs de 2030 : premièrement, le renforcement des capacités nationales à travers des programmes de formation et des partenariats, notamment avec l'Office de la Formation Professionnelle et de la Promotion du Travail (OFPPT), l’Agence nationale de promotion de l'emploi et des compétences (ANAPEC), l'Institut de Formation aux Métiers des Energies Renouvelables et de l'Efficacité Energétique (IFMEREE) et L'Agence marocaine pour l'énergie durable (Moroccan Agency for Sustainable Energy - Masen) ; deuxièmement, l'amélioration des infrastructures pour soutenir l'exportation d'hydrogène vert ; et enfin, l'adaptation de l'industrie nationale aux nouvelles régulations internationales, comme le CBAM.
Conclusion : Un futur énergétique en construction
Comme le rappelle Mme Fatima Zahra El Khalifa, le Maroc s'avance résolument vers une transition énergétique qui allie ambition, innovation et coopération régionale. "Le chemin vers 2030 est semé de défis, mais avec une vision claire et des partenariats solides, nous pouvons atteindre nos objectifs," conclut-elle. Le prochain rendez-vous au sein du réseau MED-GEM sera crucial pour transformer cette vision en réalité tangible, et pour assurer que le Maroc, aux côtés de ses partenaires méditerranéens, joue un rôle central dans l'avenir énergétique mondial.